La renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) est, pour bien des gens, un enjeu qui semble loin de leur réalité. Mais pour l’entreprise Filspec, spécialisée dans le textile, les craintes sont réelles et se chiffrent à 1,5 million de dollars.
Un million et demi de dollars, c’est le montant additionnel que pourrait avoir à débourser l’entreprise de Sherbrooke si les tarifs douaniers préférentiels devaient être abolis, comme le souhaite l’industrie américaine du textile. Grâce à cette mesure, Filspec ne paie pas de frais de douane pour importer la matière première au pays ni pour exporter son produit fini vers les États-Unis.
« On a deux choix : on arrête de fabriquer, ou on charge plus cher à notre clientèle américaine. »
Ronald Audet, président du c.a.
Le dilemme exprimé par Ronald Audet, président du conseil d’administration de Filspec, est bien réel pour cette entreprise, détenue par les 165 employés qui en sont actionnaires.
Le président de Filspec, Éric Perlinger, et Ronald Audet, président du conseil d’administration de Filspec Photo : Radio-Canada
Plus de 80 % de leur production de fils spécialisés est exportée vers les États-Unis et Filspec doit d’approvisionner en matière première à l’extérieur du Canada. Si les tarifs douaniers devaient éventuellement s’appliquer, le président de Filspec, Éric Perlinger, avance une autre option.
Il faudrait ultimement regarder si on continue de produire au Canada et si on ne déménage pas notre entreprise, le côté manufacturier, aux États-Unis. Éric Perlinger, président de Filspec
Ottawa interpellé
Dans une lettre envoyée le 7 août à la ministre du Développement international, Marie-Claude Bibeau et à la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, Filspec écrit que l’industrie du textile craint d’être laissée pour compte dans les négociations.
« Considérant la puissance de l’industrie textile américaine en comparaison de la nôtre, nous sommes extrêmement inquiets que le processus de renégociation de l’ALENA mine notre industrie ou tout simplement oublie de la protéger », peut-on lire.
Une rencontre sur l’ALENA a eu lieu à Sherbrooke avec la ministre Bibeau et un représentant du ministère des Affaires étrangères a eu lieu la semaine dernière.
Nos équipes sont prêtes : il y a 28 tables de négociation alors je suis profondément convaincue qu’il y a des gens qui connaissent le sujet sur le bout de leurs doigts.
Chez Filspec, on reste néanmoins sceptique. « C’est très, très imprévisible. Dans le passé, on savait la position américaine, on savait la position canadienne (…). On ne sait vraiment pas ce qui va se passer, si ça va devenir un enjeu ou si ce n’est pas un enjeu », souligne M. Perlinger.
« Pour bien du monde, l’industrie textile n’existe pas au Québec, on veut juste souligner qu’il y en a une », ajoute M. Martel.
Et ailleurs
La préoccupation de Filspec est d’ailleurs partagée par Regitex, une entreprise de Saint-Joseph-de-Beauce.
« Il ne faudrait pas nuire à l’industrie textile en tant que compromis pour des gains sur d’autres industries que le Canada », note Rick Martignetti, responsable des ventes.
La deuxième séance de négociation de l’ALENA aura lieu du 1er au 5 septembre prochain, au Mexique.
Avec les informations de Marion Bérubé RADIO-CANADA