Revue de presse- Radio-Canada- journaliste Romain Schué- image Ivahoh Demers
Le ministre Simon Jolin-Barrette affirme être en négociations depuis plus d’un an avec le gouvernement Trudeau.
Le ministre de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, a tenu cette position ferme au lendemain de la diffusion d’un reportage de Radio-Canada concernant les difficultés, pour des immigrants temporaires, de retrouver du travail, malgré leur présence au Québec et des besoins importants.
En raison de règles fédérales rigides, ces travailleurs étrangers restent liés à l’entreprise qui les a embauchés pour la durée du contrat initial, même si celle-ci les a licenciés. Ils peuvent toucher des prestations sociales, mais doivent convaincre une autre entreprise de recommencer un long et coûteux processus pour avoir un nouveau permis de travail.
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Selon le gouvernement Legault, qui affirme connaître les besoins du marché du travail
et la réalité des entreprises
, ces problèmes pourraient se résoudre si Québec avait la main sur ce programme.
Pour les employeurs du Québec, il est urgent de réformer ce programme, de le modifier, d’avoir un assouplissement.
On souhaite rapatrier la totalité du programme au Québec
, a affirmé Simon Jolin-Barrette, en marge de la période des questions à l’Assemblée nationale.
où l’employeur fait faillite, puis que le travailleur est ici, pourquoi celui-ci ne pourrait-il pas travailler pour un autre employeur de la région? C’est une avenue qui doit être considérée
, a-t-il jugé.Plus d’un an de négociations
Se disant soutenu dans cette démarche par les syndicats, le patronat, le milieu éducatif [et] même le milieu social
, Simon Jolin-Barrette a également appelé son homologue fédéral, Marco Mendicino, à davantage d’ouverture et de collaboration
.
Depuis un an et demi, a assuré le ministre québécois, le gouvernement Legault tente de convaincre l’équipe de Justin Trudeau.
On demande au gouvernement fédéral de se mettre à la table et de négocier sérieusement, justement pour avoir des assouplissements
, a repris Simon Jolin-Barrette.
Ottawa n’ouvre pas la porte
Le gouvernement fédéral n’a pas montré d’ouverture apparente après cette demande de Québec. C’est tellement important que nous continuions de collaborer, et la collaboration est là
, a brièvement souligné le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marco Mendicino, en réaction aux propos de Simon Jolin-Barrette, qu’il a rencontré au début de février.
Cette première discussion
a par ailleurs été tellement constructive
, a-t-il affirmé, sans donner davantage de détails.
Du côté de la ministre de l’Emploi et du Développement de la main-d’oeuvre, Carla Qualtrough, on vante l’utilité de ce programme qui fonctionne bien pour les employeurs, les employés et l’économie canadienne
.
Nous comprenons l’importance des travailleurs temporaires pour le Québec et nous continuerons d’améliorer ce programme en consultation avec les travailleurs, les employeurs et le gouvernement du Québec.
Ni la ministre Qualtrough ni son collègue à l’Immigration ont directement répondu à la demande de rapatriement de Québec.
Le PLQ accuse le gouvernement Legault de précariser l’immigration
Cette volonté du gouvernement Legault de faciliter la venue de travailleurs étrangers temporaires, après avoir baissé le nombre d’immigrants permanents, a néanmoins été décriée par le Parti libéral du Québec (PLQ), qui a accusé Québec de précariser l’immigration
.
Le député de Nelligan Monsef Derraji a mis de l’avant la souffrance
et la précarité
de ces immigrants. À ses yeux, le ministre Jolin-Barrette vit un autre échec
.
Francois Legault [disait] « en prendre moins, mais en prendre soin ». Ce qu’il fait, c’est en prendre plus pour en prendre moins soin. On manque notre cible sur tous les tableaux.
Un programme en pleine expansion
Le nombre de travailleurs étrangers temporaires bat actuellement des records au Québec.
Durant les trois premiers trimestres de 2019, près de 24 000 immigrants temporaires sont arrivés dans la province, recrutés par des entreprises afin de pourvoir des postes vacants.
Le processus est cependant décrié par de nombreux experts. Les entreprises intéressées doivent au préalable réaliser une étude d’impact sur le marché du travail, auprès des gouvernements du Québec et d’Ottawa, pour s’assurer qu’aucun Canadien ne peut occuper ce poste. Les délais peuvent grimper jusqu’à 9 mois.
Près de 1500 $ de frais administratifs sont également nécessaires, sans compter les honoraires professionnels d’avocats ou de consultants qui aident les entreprises dans cette démarche. L’employeur peut également prendre en charge d’autres frais, comme le transport, la formation ou l’hébergement.