NGC Aérospatiale au sein du consortium développant un aéronef entièrement électrique semi-autonome à décollage vertical.

SHERBROOKE — La sphère de la motorisation électrique est en pleine effervescence dans l’industrie aéronautique, laissant présager une forte demande de main-d’œuvre spécialisée dans ce créneau. Pensons notamment à Unither Bioélectronique, dont le centre de recherche et de développement dédié à ce type d’aéronefs est actuellement en chantier à Bromont. Afin de demeurer à l’avant-scène dans ce domaine de pointe, l’Université de Sherbrooke (UdeS) met en place des projets pour former cette « nouvelle génération » d’ingénieurs.

David Rancourt et ses collègues ont par ailleurs eu des discussions en ce sens avec ceux qui chapeautent la conception d’aéronefs à Bromont. En fait, le premier jalon du projet d’usine d’avions à motorisation électrique d’Unither, dévoilé en primeur par La Voix de l’Est en octobre, a été officiellement lancé le 30 avril. La filiale de la multinationale menée par Martine Rothblatt a ainsi donné le coup d’envoi à la construction d’un vaste hangar, qui abritera également un centre de recherche et de développement sur le site de l’aéroport Roland-Désourdy.

Le projet est piloté par Zénith Altitude, à la tête d’un consortium réunissant le Centre des technologies avancées BRP de l’Université de Sherbrooke, NGC Aérospatiale (Sherbrooke), Optis Ingénierie (Sherbrooke) et Brio Innovation (Laval).

Depuis près d’un an, le groupe a progressé à vitesse accélérée pour mettre au point l’Electrically-Powered Optionally-Piloted Powered-Lift Aircraft (EOPA), un aéronef entièrement électrique semi-autonome à décollage vertical. Avec à son bord un pilote puis un technicien, l’appareil pourrait transporter des organes sur une distance avoisinant 460 km.

La compagnie a également acheté un site de près de huit hectares à proximité des infrastructures aéroportuaires. Celui-ci sera destiné à l’usine de fabrication qui, selon le président de la jeune compagnie, Mikaêl Cardinal, pourrait voir le jour « vers la fin de 2020 ou le début de 2021 ». Le lancement de la production d’aéronefs, soit environ un millier sur 10 ans, est envisagé « autour de 2024, possiblement l’année suivante ». À terme, l’initiative estimée à près de 100 millions de dollars devrait générer plus de 200 emplois spécialisés dans la région.

Première canadienne
La pierre angulaire du virage amorcé à l’Université de Sherbrooke est le projet HERA (Hybrid Extended Range Aircraft). Selon David Rancourt, il s’agira du premier avion électrique hybride conçu et fabriqué au Canada. Le biplace, un KR2 à essence, sera converti en un aéronef à propulsion électrique, qui sera doté d’une génératrice afin d’accroître son autonomie. « Ça fait déjà plus de six mois que des finissants en génie mécanique et en génie électrique travaillent ensemble sur ce gros projet », a-t-il indiqué. Or, pas question de faire ombrage à l’initiative d’Unither. « L’avion de l’Université de Sherbrooke devrait être apte à voler avant celui de Bromont. Mais on travaille en parallèle. On ne veut pas commercialiser notre prototype. On fait du développement technologique multidisciplinaire. » Côté échéancier, le projet en est à l’étape de la « conception des systèmes et [du] choix des composants principaux ». Si tout se déroule comme prévu, l’assemblage final et le premier vol auront lieu à l’automne 2019.

Plusieurs compagnies sont partenaires de ce projet, estimé à un peu plus de 150 000 $. « La réponse a été phénoménale chez les gros joueurs de l’industrie aéronautique que l’on a approchés », a fait valoir David Rancourt. Optis Ingénierie fournira notamment le moteur électrique qui sera implanté dans l’aéronef. Pratt & Whitney Canada, Bombardier, Bell Helicopter et l’École nationale d’aéronautique figurent aussi parmi les collaborateurs.

source LA VOIX DE L’EST- Jean François Guillet 

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