Photo: IStock Le virage vers la formation amène, entre autres, à avoir plus recours à la formation en entreprise et à développer des programmes beaucoup plus courts.
La révolution de l’automatisation n’a pas à être le cataclysme économique et humain qu’on entrevoit, conclut un rapport de la Chambre de commerce du Canada, pourvu que l’on apporte sans tarder des changements à nos modes de formation et de requalification des travailleurs.
Selon les recherches auxquelles on se réfère, le phénomène d’automatisation lié aux technologies numériques, à l’intelligence artificielle, à la robotique et autres logiciels détruira entre 390 000 et 1,7 million d’emplois sur un total d’un peu plus de 20 millions au Canada et en modifiera de façon importante entre 6,6 millions et 11,4 millions d’autres au cours des 10 à 20 prochaines années, souligne le rapport d’une cinquantaine de pages dévoilé vendredi. Lorsque l’on sait que la forte majorité de ceux qui perdront leur emploi seront des travailleurs relativement peu formés qui auront besoin d’environ deux années de formation professionnelle à temps plein pour se requalifier, et que les autres, qui devront s’adapter à la transformation de leur emploi, devront suivre, au minimum, une formation d’un an à temps plein pour avoir le droit d’obtenir un nouveau diplôme, on peut estimer qu’il en coûtera, sur la même période, un total « prohibitif » de 126 à 210 milliards en droits de scolarité et frais de subsistance.
La seule solution viable est de ne pas attendre que les travailleurs soient directement frappés pour amorcer ce virage en faveur de la formation, en déduisent les auteurs du rapport. Mais surtout, que ce virage amène à avoir plus recours à la formation en entreprise, à développer des programmes beaucoup plus courts, à mieux reconnaître les compétences acquises en emploi, à tirer parti des outils de formation en ligne gratuits et à élaborer plus rapidement de nouveaux programmes de formation adaptés aux besoins changeants de l’économie.
La formation requise doit commencer par les « compétences fondamentales » et essentielles face à l’automatisation en matière de littératie, de numératie, de résolution de problèmes, de gestion, de communication et de capacité d’apprentissage tout au long de la vie. Des compétences généralement bien enseignées au primaire et au secondaire au Canada, mais qui se perdent avec le temps, particulièrement chez ceux qui sont restés à l’école le moins longtemps et qui se trouvent justement à être les plus à risque face à la révolution de l’automatisation.
« Ce que nous avons trouvé dans la préparation de ce rapport, c’est qu’une grande partie de l’infrastructure permettant l’acquisition de nouvelles compétences est déjà en place », a déclaré vendredi Patrick Snider, directeur à la Chambre de commerce du Canada.
Les changements proposés ne doivent pas seulement être vus comme une façon de limiter les dégâts, poursuivait-on dans un communiqué de presse. « Correctement exploitée, l’automatisation peut représenter une capacité accrue de production, de croissance de l’économie et même de création d’emplois. Cela exigera un effort concerté entre les travailleurs, les entreprises, les établissements d’enseignement et le gouvernement. »
Le G7 à Montréal
Ce rapport arrive à la veille de la tenue, mardi et mercredi, à Montréal, d’une réunion des ministres de l’Emploi et de la Technologie des pays du G7, dont le thème sera les emplois de l’avenir. Faisant partie d’une série de réunions ministérielles préparatoires qui mèneront au sommet des dirigeants du G7 qui se tiendra au début du mois de juin dans Charlevoix, l’événement doit être l’occasion d’un partage d’informations, d’échanges de bonnes pratiques et peut-être même de décisions d’actions communes en ce qui a trait notamment à la révolution de l’automatisation.