La frilosité du secteur manufacturier n’est pas sans conséquences sur la croissance #conferenceboard

INVESTISSEMENTS

Qu’attendent donc les entreprises?

31 mai- Mais qu'attendent les entreprises

La frilosité du secteur manufacturier n’est pas sans conséquences sur la croissance, prévient le Conference Board

Les usines fonctionnent à plein régime et le dollar demeure sous les 80 ¢US. Toutefois, les chefs d’entreprise du secteur manufacturier répugnent à accroître leurs dépenses d’investissement.

Dans une note publiée lundi, le Conference Board du Canada déplore que la croissance économique puisse ne pas bénéficier d’un accroissement des investissements. « Les investissements des entreprises des secteurs hors énergie demeurent faibles, même si de nombreuses industries manufacturières fonctionnent à plein régime ou presque […] Durant la dernière année, nous avons souligné la nécessité d’un rebond des investissements des entreprises pour soutenir la croissance économique du Canada. » Matthew Stewart, directeur, Prévisions économiques et coauteur de la note de recherche, ajoute : « Si les investissements hors énergie ne connaissent pas une reprise vigoureuse au cours des prochains mois, les contraintes liées à la capacité dans certaines industries manufacturières pourraient affecter la croissance future. »

Le Conference Board revient sur ces industries sur qui repose l’accroissement de la production et qui carburent aux exportations. « Les secteurs du matériel de transport, des produits du bois, de l’alimentation, du métal primaire et du papier ont été les principaux moteurs de la croissance du secteur manufacturier au Canada, représentant 64 % de l’augmentation de la production d’une année à l’autre », peut-on lire dans la note de recherche. « Ces industries manufacturières, qui ont donné le ton au Canada quant au rebond des exportations, fonctionnent à plein rendement ou s’approchent rapidement de ce niveau. » À titre d’illustration, le secteur des produits du bois fonctionnait à 99,3 % de sa capacité à la fin de 2015. Celui de la fabrication de papier suivait, à 98,2 % de sa capacité, et celui du matériel de transport, à 97,3 %. « Parallèlement, le taux d’utilisation des capacités du secteur de la fabrication de matériel de transport a atteint un sommet au troisième trimestre de 2015. »

Mais rien n’y fait, l’hésitation des entrepreneurs étant palpable. « En fait, les fabricants de divers secteurs industriels prévoient plutôt réduire leurs investissements d’environ 11 % en moyenne en 2016 », déplore le Conference Board. Lors de son enquête sur la confiance des chefs d’entreprise, nombre de répondants ont évoqué « la faible demande du marché, les politiques gouvernementales, la pénurie de personnel qualifié et la dépréciation du dollar canadien (qui augmente le coût des technologies et des équipements importés) pour justifier leur intention de ne pas investir ».

L’érosion des marges bénéficiaires pourrait également s’ajouter à l’explication. La semaine dernière, Statistique Canada soulignait que le bénéfice d’exploitation des entreprises canadiennes s’est replié de 4,6 % entre le quatrième trimestre de 2015 et le premier de 2016, pour totaliser 73,1 milliards. Le repli a touché la moitié des 22 industries recensées.
Dans le secteur non financier, les bénéfices d’exploitation ont reculé de 3,5 % au premier trimestre, à 50,7 milliards, après s’être repliés de 3 % au trimestre précédent, l’ombre du choc pétrolier demeurant persistante. L’agence fédérale ajoutait que, malgré la faiblesse du dollar canadien par rapport à sa contrepartie américaine, « dans le secteur de la fabrication, les bénéfices d’exploitation ont reculé de 7,8 % par rapport au trimestre précédent pour s’établir à 10,2 milliards ».
Benoit P. Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins, faisait alors ressortir une détérioration des marges bénéficiaires dans plusieurs secteurs. Dans l’industrie manufacturière, elle est tombée à 5,4 %, sous sa moyenne historique de 6,2 %. Il faut en déduire que « la remontée des investissements au sein des entreprises non énergétiques mettra un certain temps avant de se concrétiser », disait-il.
Au Conférence Board, on table toujours sur « une reprise des dépenses d’investissement hors énergie durant le second semestre de l’année en raison de l’accélération de la demande américaine — qui devrait inciter les entreprises à accroître davantage leur capacité. Cependant, l’insuffisance persistante des investissements pourrait limiter considérablement la croissance future du Canada ».
SOURCE: LE DEVOIR

 

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